Présent au Congrès de l’Association Dentaire Française le 28 novembre 2017, DigitalB2B a rencontré une entreprise inspirante : LYRA Dental. Avec plus de 22 distributeurs en France, 7 filiales en Europe, et plus de 7 universités et CHU partenaires, l’offre LYRA 3D promet de révolutionner le monde de la dentisterie grâce à deux innovations numériques étonnantes : le CFAO et l’impression 3D. En quelques minutes, nous vous proposons de découvrir ce procédé plein d’avenir.
Le CFAO, kézako?
L’acronyme CFAO signifie Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur. Le principe : développer un programme informatique disposant des informations nécessaires pour actionner des machines-outils, commandées directement par l’ordinateur. Une technique utilisée depuis plusieurs décennies et éprouvée dans les domaines de la construction automobile ou de l’architecture, que de nouvelles technologies viennent étendre à d’autres secteurs, friands de numérique.
Grâce à la démocratisation de la fabrication additive, plus communément appelée impression 3D, le CFAO devient pertinent dans le domaine de la médecine, et notamment de la dentisterie, pour assister les procédures les plus minutieuses et entamer leur transition numérique.
Les praticiens déjà équipés par ces solutions CFAO sont d’ailleurs fortement convaincus de sa pertinence. Selon une étude ODONATA menée en juin 2017 :
- 5% des dentistes interrogés trouvent cette technologie utile pour les inlays/onlays
- 8% d’entre eux la trouvent aboutie pour les couronnes
- Plus de 65% également pour les piliers, facettes, et le design du sourire
La CFAO appliquée à la dentisterie, ça donne quoi ?
Le digital vient s’insérer dans toutes les étapes de la chaîne de traitements de dentisterie, grâce à 3 étapes-clés de CFAO :
- Des scanners intra-oraux, reliés à un logiciel de numérisation, permettent de visualiser en 3D la zone du patient à traiter (dentition et mâchoire).
- Une modélisation du traitement à mettre en place peut alors être réalisée automatiquement. Selon les besoins, des logiciels CFAO spécialisés dans la prothétique, l’orthodontie ou encore l’implantologie sont disponibles.
- L’impression 3D du traitement modélisé constitue la dernière étape de cette chaîne CFAO, où les machines sont capables d’usiner le traitement nécessaire de manière totalement personnalisée.
Une chaîne numérique qui s’intègre directement dans les laboratoires de prothétique dentaire, ou dans les cabinets de dentisterie : une véritable révolution de la médecine dentaire et de ses pratiques quotidiennes.
La prothétique simplifiée
LYRA 3D met à disposition des professionnels de la dentisterie des machines capables d’usiner en quelques minutes seulement des prothèses dentaires en céramique. La modélisation précédemment effectuée permet de produire automatiquement un matériau à l’épaisseur et à la longueur adaptée au cas du patient.
Conscient que la transition numérique est à prendre pas à pas, LYRA Dental propose au néophytes du CFAO de se doter d’abord du scanner oral, avant d’investir dans l’usineuse.
L’implantologie guidée
La solution peut également guider la procédure d’implantologie, en permettant d’imprimer des outils qui assurent une perforation optimale de la mâchoire, pour une cicatrisation optimale et une douleur limitée. L’implant usiné automatiquement correspond parfaitement aux dimensions de la mâchoire du patient.
Autre fonctionnalité remarquable : l’usinage d’un bridge d’usage, pour les patients totalement édentés, qui se fait en une seule journée. Un gain de temps certain.
L’orthodontie facilitée
Enfin, la CFAO et l’impression 3D révolutionnent tout bonnement le processus de correction orthodontique. Là où, auparavant, les gouttières d’alignement étaient toutes créées juste après le moulage de la dentition, elles peuvent désormais être usinées au fil du traitement, et deviennent ainsi parfaitement adaptées à la façon dont l’alignement est corrigé au fur et à mesure.
L’oeil de l’expert avec Guillaume Riottot : CFAO & médecine
Intrigué par ce processus de CFAO et d’impression 3D, DigitalB2B a souhaité revoir Guillaume Riottot, passionné et spécialiste de la fabrication additive. En 3 questions, nous en avons découvert plus sur la relation de ces nouvelles technologies avec la médecine du futur.
DigitalB2B : Quels avantages y a-t-il à utiliser la CFAO dans le domaine de la dentisterie ?
Les avantages sont manifestes. Les interventions deviennent bien plus rapides, avec un dentiste capable de scanner et d’imprimer directement derrière le traitement, après avoir vérifié la modélisation. Mis à part l’acquisition des machines capables de scanner les zones à soigner et d’usiner les traitements, on remarque aussi des coûts très réduits.
En termes d’efficacité, le traitement produit par CFAO et impression 3D est bien plus précis et fiable que celui réalisé par un prothésiste.
Enfin, ces technologies permettent d’offrir aux patients une expérience en cabinet bien moins anxiogène, et plus confortable. Finis les traitements orthodontiques où on ne peut pas visualiser à l’avance le résultat à venir dans un an ou deux : les gouttières produites par fabrication additive permettent de voir l’évolution de l’alignement des dents au fil du traitement. Fini le quart d’heure désagréable que l’on passe avec la pâte de moulage dans la bouche, pour produire une maquette de sa dentition : en un passage de scanner, le dentiste voit l’état de la zone à traiter, et le patient en sort bien plus relaxé.
DigitalB2B : Quel est, selon vous, l’avenir de l’impression 3D et de la CFAO dans le monde de la médecine ?
D’une part, la CFAO va permettre (et permet déjà) de beaucoup mieux préparer les chirurgies délicates. Grâce à la visualisation et l’impression 3D, les médecins sont capables d’imprimer des modèles et de préparer leurs interventions dessus. Ainsi sera réduit le temps passé sur la table d’opération, et par là même les coûts et les risques d’infections.
Là où l’impression 3D, quant à elle, risque de nous surprendre le plus, c’est au niveau des matériaux. Aujourd’hui, on est capable d’usiner des éléments en métal ou en céramique. Mais, grâce à l’impression de matériaux plus complexes, on va vite passer à l’ère de la médecine de remplacement. Par exemple, lorsque l’on devra vous opérer pour un os brisé, on ne vous posera plus seulement une plaque en métal, mais un élément dit « en nid d’abeille », qui fonctionnera comme une espèce d’échafaudage de votre os. Les trous qui le composent seront ainsi recolonisés par votre os brisé, le solidifiant durablement, et sans douleur. Voici un exemple parmi des dizaines de ce que la médecine de remplacement permettra, d’ici 10 à 15 ans.
Enfin, et au vu de ces mutations des pratiques, le rôle des professionnels de santé va indéniablement évoluer. Les radiologues vont très rapidement prendre un rôle différent : ils seront garants de la conformité des modélisations réalisées par CFAO. Les médecins, quant à eux, transmettront aux intelligences artificielles le repérage des pathologies à traiter ; ils laisseront aux technologies le soin de réaliser les tâches répétitives, qui pourront être automatisées ; et ils seront de plus en plus assistés par des guides chirurgicaux dédiés, et des outils spécialement conçus pour le cas précis de tel ou tel patient.
DigitalB2B : Et, selon vous, quand ces technologies se démocratiseront-elles réellement dans le monde médical ?
On prédit qu’en 2020, l’impression 3D représentera dans le monde médical 2.13 milliards de dollars. Mais finalement, la CFAO et la fabrication additive appliquées à la médecine, pour moi, c’est déjà une évidence.
En 3 ans seulement, aux États-Unis, l’impression des aides auditives est passée d’un système analogique à un système 100% digitalisé. Cette pénétration ultra rapide du numérique dans ce domaine médical s’explique par le fait que la précision d’une prothèse auditive est minime par rapport à celle d’un implant dentaire, ou d’un organe. Mais dès que les scanners d’entrée de gamme deviendront plus précis et moins chers, tous les domaines de la médecine seront touchés.
La digitalisation du monde médical est déjà largement engagée, et les pratiques des professionnels s’en voient significativement modifiées. Pour s’assurer une performance toujours renouvelée, à eux de ne pas tourner le dos ni prendre en grippe le digital…